Où l’on part à la recherche d’une œuvre évanouie dans la nature

1863. M. Martin-Daussigny, le nouveau conservateur du musée gallo-romain de Lyon, s’arrache les cheveux. Dans les inventaires, il est indiqué que le musée possède une mosaïque antique. Elle représente une figure féminine coiffée d’épis de blé,  une divinité incarnant l’Été. Pourtant, impossible de mettre la main dessus...

Le conservateur se lance en quête de l’œuvre perdue : il ne lui faut pas moins de cinq ans pour la retrouver ! La mosaïque se cachait sur la presqu’île de Lyon, dans la basilique Saint-Martin d’Ainay. Difficile, hélas, de la récupérer : elle est incrustée dans le sol d’une des chapelles... Comment est-elle arrivée là ?

Après sa découverte, quarante ans plus tôt, la mosaïque avait grand besoin d’être restaurée. Le conservateur de l’époque l’avait alors confiée à un mosaïste. Grave erreur ! Le monsieur en question n’était pas vraiment digne de confiance... Il avait la fâcheuse tendance à “confondre” les œuvres qui lui étaient prêtées avec celles qui lui appartenaient. C’est ainsi que deux panneaux du musée, la fameuse figure féminine et une rosace géométrique, se retrouvèrent vendus au curé d’Ainay pour compléter le pavement de son église.

Martin-Daussigny est bien embêté... De la même mosaïque dite "des Quatre saisons", son musée conserve encore l’Automne, un homme coiffé de grappes de raisin. Il serait vraiment dommage que les deux ne fassent pas la paire.

Heureusement, la paroisse se montre coopérative et s’empresse de rendre l’œuvre.

Le conservateur, en signe de gratitude, abandonne la rosace géométrique à la basilique, où l’on peut toujours l’admirer. Il cède même une autre mosaïque géométrique pour remplacer la figure de l’Été. Cette dernière, quant à elle, a retrouvé son compagnon l’Automne qui l’attendait sagement au musée.

Former un couple c'est n'être qu'un; mais lequel ? Proverbe

Sous la plume d'Artips