Où l’on apprend à étudier les cadavres de bouteilles

Dans les années 1980, sur la colline de Fourvière, on se réjouit de la découverte d’une grande quantité de morceaux de terre cuite. Ce sont des bouts d’amphores, ces récipients à deux anses utilisés dans l’Antiquité. Que peut-on trouver d’extraordinaire à ces débris ?

C’est qu’ils nous aident à prouver de nombreuses choses ! Après analyses, les archéologues datent ces tessons de la fin du IIe siècle av. J.-C. Grâce à ces déchets du quotidien, on apprend que les Gaulois fréquentaient déjà le site de Lyon presque 100 ans avant la conquête romaine.

Lyon, placé sur l’axe Rhône-Saône, était déjà une plaque tournante économique, en particulier pour le commerce du vin. Ici, les archéologues ont trouvé des restes de banquets, mais quelque chose étonne : les bouchons ne sont pas descellés. Les Gaulois auraient-ils gâché du bon vin ?

C’est peu probable. Le vin était un produit de luxe dans l’Antiquité et coûtait très cher. En plus, celui-ci provenait d’Italie ! On le sait grâce à la forme des amphores et aux inscriptions gravées dessus. Et si les bouchons sont toujours en place, c’est tout simplement parce qu’on a sabré les amphores ! En utilisant une grande lame, on donne un coup sur le col de l’amphore : celui-ci se casse et en libère le contenu.

Aussi insignifiants qu’ils puissent paraître, ces tessons sont donc des objets archéologiques très précieux. Grâce à eux, on peut dater précisément l’installation de populations gauloises à Fourvière. Et surtout, on sait que nos prédécesseurs n’étaient pas très différents de nous : eux aussi aimaient sabrer des bouteilles pour faire la fête !

Quand l'amphore est à sec, les amis se dispersent. Horace

Sous la plume d'Artips