Où l'on découvre une mosaïque qui change de maison
Lyon, 1806. Lors de travaux sur ses terrains, un Lyonnais exhume une magnifique mosaïque. Chars, chevaux, arène... elle représente les jeux du cirque antique ! Pour la ville, c’est un véritable trésor archéologique. Si bien que quelques années après sa découverte, la mairie lance une procédure pour l’acheter. Mais malheur ! Le propriétaire n’en pouvait plus d’attendre une décision administrative qui ne venait pas, il l’a vendue à deux collectionneurs. Et ceux-ci s’apprêtent à la transférer à Paris...
Quand il l’apprend, le maire réagit immédiatement. Il interdit le déplacement de la mosaïque, car elle pourrait s’abîmer dans le transport. En effet, les fragments de pierre ou de verre sont assemblés dans du ciment coulé à même le sol. Avec une seule fausse manipulation, c’est toute l’œuvre qui risque d’être détruite !
Et ça, les conservateurs ne peuvent pas l’accepter : cette mosaïque, en plus d’être une pièce exceptionnelle, est un document historique. On y voit quatre chars s’élancer sur une piste ovale. Des dignitaires sont dans les tribunes, tandis que les serviteurs attendent de couronner le vainqueur. On ne peut se permettre de perdre un témoignage de cette qualité !
Mais en la laissant sur place, soumise aux aléas du climat de plein air, elle n’est pas non plus en sécurité. Il faut imaginer un moyen de la rapatrier au musée sans dégâts.
La mairie se creuse la tête de nombreuses années avant de trouver une solution. Elle fait appel au conservateur Belloni, qui a développé une technique de transfert de mosaïques. En collant une plaque de marbre sur le dessus de l’œuvre avec un ciment fin, on peut la transporter sans trop la décomposer. Après restauration, elle a donc rejoint le musée... 13 ans après sa découverte !
L'heure de la fin des découvertes ne sonne jamais. Colette
Sous la plume d'Artips